L’idée a été relancée au début des années 2000, lorsque l’État allemand a convenu avec les producteurs d’électricité EWE, E.ON et Vattenfall de construire un parc éolien pilote à 45 kilomètres au large de Borkum, l’une des îles de la Frise-Orientale à proximité de la côte nord-ouest de l’Allemagne.
Ces entreprises voulaient tester la faisabilité de l’installation d’éoliennes de 5 mégawatts, plus grandes et plus puissantes, au milieu de la mer du Nord, dans des eaux profondes d’environ 30 mètres. Ces éoliennes à la pointe de la technologie, qui s’élevaient à 100 mètres au-dessus de la mer (à peu près comme la tour qui abrite Big Ben, à Londres), allaient devoir résister à la puissance des vents marins et des vagues qui s’écrasent sur les structures.
« En 2009, certains doutaient de la possibilité de construire et d’exploiter ces éoliennes gigantesques aussi loin du rivage et en eau profonde. Ils estimaient qu’elles étaient trop grandes et trop éloignées », explique Bernhard Lange, directeur technique de l’institut Fraunhofer pour l’éolien, qui coordonnait une initiative de recherche sur le projet pilote Alpha Ventus. « Nous devions mettre en place une installation de démonstration pour répondre à toutes les questions et aux doutes soulevés par l’éolien en mer. »
Pour attirer les investissements, il était aussi important de montrer la viabilité des parcs éoliens en mer en précisant combien coûtaient leur construction et leur entretien. Avant Alpha Ventus, affirme Bernhard Lange, les investisseurs étaient sceptiques. « Certains conseillaient de ne pas investir pas dans ce domaine, parce que le risque d’échec était trop grand. »
Au cours des dix dernières années, Alpha Ventus a fourni 2,1 térawattheures d’énergie au réseau électrique allemand. Cela représente suffisamment d’électricité pour alimenter 57 000 foyers. Cela a aussi ouvert la voie à une multitude d’autres parcs éoliens qui sont opérationnels ou en développement dans les eaux allemandes. Il y a aujourd’hui plus de 1 500 éoliennes en mer dans les eaux allemandes, ce qui est sans commune mesure avec les 12 éoliennes initiales du projet Alpha Ventus.
Un grand nombre de ces premiers projets, dont Alpha Ventus, ont connu des retards qui ont fait grimper les coûts. Trouver des financements pour des projets éoliens en mer risqués pendant les jours sombres de la crise financière de 2008 s’est également révélé difficile, et certains des parcs éoliens n’auraient peut-être pas vu le jour sans l’intervention de la Banque européenne d’investissement (BEI) et d’autres institutions nationales et européennes qui ont apporté un soutien financier.
Le rôle des institutions publiques, comme la BEI, est de financer des secteurs industriels importants pour les politiques publiques, même lorsqu’ils sont jugés trop risqués pour les investisseurs privés. C’est ce que la Banque européenne d’investissement, qui est le bras financier de l’Union européenne, a fait dans le cas de l’éolien en mer.
« Au début, bon nombre de ces projets étaient financés par la Banque européenne d’investissement », explique Alessandro Boschi, chef de la division Énergies renouvelables de la BEI. « Nous avons joué un rôle majeur dans le démarrage de cette industrie. »