Les maires font le constat que la guerre a particulièrement altéré les conditions de vie des enfants, qui sont les plus difficiles à protéger.
« Le plus douloureux, c’est le sort des enfants », déplore Artem Semenikhin. « Ils souffrent de la guerre. Ils doivent s’en accommoder. Les enfants jouent même aux postes de contrôle : ils installent des barrages routiers, arrêtent les voitures, disent quelques mots de passe en ukrainien, collectent de l’argent pour l’armée, puis transfèrent cet argent à des fonds pour acheter divers équipements pour leur ville. »
Les enfants risquent de subir un retard sur plusieurs années
Les enfants courent le danger d’accumuler un énorme retard, ce dont le pays souffrirait pendant longtemps, explique Serhiy Solomakha, maire de Myrhorod.
« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre toute une génération maintenant », assure-t-il. « Si nous n’instruisons pas cette génération d’enfants pendant cette guerre, dans cinq à dix ans, nous connaîtrons beaucoup d’autres problèmes. Les enfants doivent posséder certaines connaissances et compétences pour bâtir l’Ukraine de demain. »
Artem Semenikhin, maire de Konotop, partage l’avis exprimé par Andriy Vitrenko, premier vice-ministre de l’éducation, lorsqu’on lui a demandé d’énumérer les principaux besoins des Ukrainiens aujourd’hui. Il a déclaré que la priorité absolue était de fournir des abris aux personnes ayant perdu leur maison. Viennent ensuite les aliments frais, les groupes électrogènes, les carburants, les armes et les avions de combat, selon les maires présents au forum.
« Le plus important, ce sont les abris anti-aériens qui permettent aux gens de s’y réfugier longuement et de sauver leur vie », insiste Artem Semenikhin. « Un abri à proximité sauve non pas des dizaines, mais des centaines, voire des milliers de personnes. On n’accorde pas suffisamment d’attention à ce problème. Les abris constituent le besoin le plus criant. La chose la plus importante. »
La construction d’abris exige de la main-d’œuvre, mais également davantage d’investissements et des conditions de remboursement plus souples, ont rappelé les maires. « Pour reconstruire et restaurer, nous avons en outre besoin de plus de savoir-faire – technique et économique – pour pouvoir réaliser ces travaux selon des normes européennes élevées », explique Serhii Morhunov, maire de Vinnytsia.
Le train de mesures de la Banque européenne d’investissement en faveur de l’Ukraine se caractérise notamment par les trois principaux éléments suivants : l’assistance technique pointue apportée par les services de conseil, la réactivité décisionnelle des chargés de prêts et des ingénieurs de projets concernant les investissements examinés, et la souplesse des conditions financières. Depuis le début de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, en étroite collaboration avec la Commission européenne et les autorités ukrainiennes, la Banque a mobilisé 1,7 milliard d’euros pour aider le pays.
Les maires sont optimistes quant à l’issue favorable de la guerre pour l’Ukraine, mais personne ne peut prédire quand elle se produira.
« J’aimerais vraiment que tout le monde comprenne que l’Ukraine n’a plus le même visage qu’avant le 24 février 2022 », a déclaré Artem Semenikhin, maire de Konotop. « Aujourd’hui, nous nous battons pour chaque centimètre carré de notre territoire, de notre pays. Nous le chérissons et nous avons le sentiment de nous battre pour la liberté de l’ensemble du monde civilisé. »