L’innovation en riposte aux changements climatiques
Ces constatations signifient-elles que nos citoyens se résignent à la catastrophe environnementale ?
Pas encore. Une faible majorité des citoyens de l’Union européenne et du Royaume-Uni pense qu’une modification radicale de nos habitudes est la meilleure solution pour lutter contre les changements climatiques. Toutefois, de nouvelles évolutions technologiques sont nécessaires pour permettre cette modification de nos habitudes. Ainsi, les Américains et les Chinois sont plus proches de la réalité, l’enquête réalisée chez eux révélant qu’ils tendent davantage vers l’innovation technologique comme voie à suivre.
Le fait est que l’investissement l’emporte sur la modification du comportement comme solution. En 2020, une pandémie mondiale accompagnée de restrictions sans précédent de la mobilité et de l’activité économique dans l’ensemble du monde a entraîné une chute temporaire des émissions de gaz à effet de serre de 5,8 %. Tout en semblant être une bonne nouvelle, cela nous montre en réalité à quel point il sera difficile d’arriver à des réductions semblables chaque année.
Nous avons besoin d’une révolution technologique – une révolution que nous devons être prêts à financer. Des décennies d’investissement dans les énergies renouvelables ont porté leurs fruits, au point que l’électricité produite par les parcs éoliens et les panneaux solaires affiche aujourd’hui un prix très compétitif et voit son utilisation se généraliser.
Si tous les conducteurs de l’Union européenne passaient à un véhicule électrique demain, nous produisons déjà suffisamment d’énergie éolienne pour fournir 85 % de l’électricité nécessaire pour les alimenter. De la même façon, nous devons désormais donner plus d’ampleur aux technologies révolutionnaires telles que l’hydrogène vert et les solutions avancées de stockage d’énergie.
Avec 75 % de brevets en plus que les États-Unis dans le domaine des technologies vertes et numériques et quatre fois plus que la Chine, l’Union européenne est un chef de file mondial en ces matières et dispose d’une expertise à partager dans des domaines tels que les énergies renouvelables, l’adaptation aux changements climatiques, la lutte contre les inondations, les outils avancés de prévision météorologique, les infrastructures résilientes, etc. L’Europe engage un tiers des 2 000 milliards d’euros de son plan de relance NextGenerationEU et de son budget à long terme en faveur du pacte vert pour l’Europe.
Cependant, pour réellement combler l’écart, nous avons besoin d’un pacte vert mondial mobilisant tout le potentiel d’innovation et toute la puissance financière du secteur privé. En exportant ses technologies propres de pointe, l’Union européenne peut être le maillon liant l’action pour le climat, l’innovation et le développement sur la base duquel une économie mondiale durable doit être construite.
Actions clés en matière de changements climatiques pour renforcer la confiance – et les mesures
Nous devons exposer clairement que la transition verte comporte de potentiels aspects négatifs, ce qui rend l’adoption de mesures immédiates pour s’en protéger d’autant plus cruciale. Les personnes les plus touchées par l’abandon des industries polluantes ont besoin d’investissements compensatoires au titre de la transition juste. En outre, s’il est vrai que nous avons besoin de technologies innovantes qui n’ont pas encore été imaginées, nous ne devrions pas sous-estimer la nécessité d’une augmentation substantielle des investissements dans les technologies climatiques bien implantées, telles que les parcs éoliens. Les bâtiments sont les plus grands consommateurs d’énergie ; dès lors, les investissements dans l’efficacité énergétique pourraient largement réduire les 35 % d’émissions de gaz à effet de serre provenant de l’énergie et du combustible utilisés pour les chauffer, les éclairer et les refroidir. L’intégration des systèmes énergétiques grâce à un marché unique de l’énergie contribuerait grandement à l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne.
Les décideurs politiques doivent de toute urgence faire tomber les barrières à l’investissement, en particulier au vu des obstacles supplémentaires tels que la dette élevée du secteur privé engendrée par la pandémie de COVID-19. D’après notre rapport sur l’investissement, 45 % des entreprises de l’Union prévoient de faire des coupes dans leurs plans d’investissement ou de les retarder à cause de la pandémie.
Le message est clair. Les pouvoirs publics doivent agir maintenant s’ils veulent conserver la bonne volonté de leurs citoyens. Cela nécessite des investissements immédiats en faveur du climat à une très large échelle, accordant une grande importance à l’innovation et offrant une perspective claire qu’il s’agit d’une excellente occasion de revigorer l’économie. À tous ces égards, l’Europe, avec son ingéniosité et sa puissance financière, doit plus que jamais se trouver au centre de cette évolution mondiale.